La dernière Expédition nationale française au K2 

1954-Les Italiens sur le K2 !

En 1979, le Club Alpin Français (CAF) organise la dernière expédition NATIONALE pour atteindre le sommet du K2 et tenter la première ascension française (8.611m, première ascension en 1954). 14 alpinistes français de haut niveau se rendent au Pakistan dont Maurice Barrard, président de la section himalayenne du Club Alpin Français. 

D’importants moyens sont mis en œuvre afin de garantir le succès : 1200 porteurs (porteurs pour l'installation du camp de base, porteurs de haute altitude pour les différents camps supérieurs, porteurs pour les cordes fixes, l'oxygène pour les porteurs) … Soit environ 300kgs à acheminer du camp 1 à 6100 m au camp 4 à 7950m d’altitude. Ce sera la dernière expédition nationale de ce type.

Malgré ces moyens considérables, les 14 alpinistes n'ont pas atteint le sommet. 

Au retour, les discussions fusent, notamment sur la lourdeur de ce style d'expédition, sachant qu’un an plus tôt, soit en 1978, Reinhold Messner et Peter Habeler ont grimpé l'Everest (8848 m) en style alpin (sans porteurs, sans oxygènes supplémentaires et sans camps supérieurs préinstallés). 

K2 : POUR QUELLE VICTOIRE ?Pour Maurice Barrard, l’avenir de l’Himalaya change et l’enjeu est de grimper les plus hauts sommets du monde en style léger, dit « style alpin ». C’est tout un style d’ascension qui révolutionne le milieu et toute une pratique qui se réinvente. 

Cette évolution passe par un équipement ultra performant et léger, capable de résister aux températures les plus extrêmes. 

La naissance de Valandré

Liliane et Maurice Barrard

Maurice prend contact avec un ingénieur textile, Monsieur André Vandeputte, lui-même alpiniste chevronné. 

En vue d'une meilleure protection contre le froid, André cherche comment utiliser au mieux la chaleur dégagée par notre corps à travers la peau ; comment améliorer le pouvoir isothermique du duvet en optimisant la circulation de l'air chaud. Il n'a qu'une idée en tête : réaliser l'équipement ultime nécessaire aux tentatives ultralégères de sommets de plus de 8000, sans oxygène. 

Sans financement, partant de 0, Maurice et André commencent les prototypes (avec une machine à coudre) dans un garage à Nîmes (sud de la France).  Les premiers systèmes de cloisonnements en H voient le jour. Ce système réduit le poids total, assure une meilleure compressibilité tout en améliorant la capacité d'isolation. 

André Vandeputte and his wife

De ces deux spécialistes naissent les premières créations, qui sont exclusives, uniques et personnalisées. Ces prototypes sont testés et se révèlent de suite d’une qualité exceptionnelle. En confidence, la petite révolution « Valandré » envahi la communauté alpinistique de l’époque et le petit milieu de Chamonix. 

Une gamme complète d'équipements de paroi H-Box est développée pour les expéditions : Sacs de couchage, pantalons, chaussons, moufles, vestes et combinaisons. Maurice obtient enfin ce qu'il cherchait. 

En 1983, André peut créer une société grâce à la demande des alpinistes. Et c’est au cœur des Pyrénées Audoises, sur le Plateau de Sault, dans la région historique du Catharisme que la société a pris ses marques. Un atelier est loué à la commune de Belcaire, et il va baptiser sa Société : Valandré ou la vallée d'André. 

L'héritage de Maurice Barrard

Fruit d'un travail constant et inventif entre les 2 binômes, une nouvelle forme de technologie a vu le jour avec la construction du système de cloisonnement en H qui deviendra la marque de fabrique de Valandré. 

Malheureusement, la tragédie frappe chacun des protagonistes : En 1986, André, l'ingénieur textile de Valandré, est tué par la foudre alors qu'il montait à cheval sur le plateau pyrénéen Deux ans plus tard, Maurice et Liliane disparaissent sur le K2 en essayant désespérément de descendre du sommet au camp 4 dans une tempête et un froid polaire. 

Avec la perte tragique de ses membres fondateurs, Valandré, déjà reconnue comme une marque légendaire, commence à vaciller et une faillite est déclarée en 1988.

helping-hand

Une "reprise" est amorcée en 1989, mais dès 1991, il est évident que la passion d’un homme ne suffit pas et c’est un échec commercial et financier.

Une deuxième faillite se profilait en 1992. Pourtant, le principe de l'alpinisme est simple et basique! Une deuxième faillite était hors de question. "On va juste reprendre et continuer!"